Marcel Queheille, le petit diable rouge s’en est allé au paradis

Marcel Queheille nous a quitté …

Photo sudgirondecyclisme à la “Valentin Huot 2017” à Mensignac

Né le 16 mars 1930 à Sauguis, il est décédé le 17 juillet 2021 à Oloron Ste Marie, en plein Tour
de France, ce Tour de France, qui avait fait sa gloire. Toute sa vie il eut deux idoles F. Coppi et
M. Cerdan, faute de salle de boxe dans son village, il se tournera vers le cyclisme. Rien ne sera
simple pour lui, charpentier de métier, il était obligé de s’entrainer en cachette de son employeur
et de son oncle, des antis-vélo. Soixante-dix heures de dur labeur par semaine ne facilitèrent
pas ses débuts, d’autres à sa place auraient dit stop. Mais lui, le cyclisme l’attirait avec passion,
il ressentait cela comme une invitation bouleversante aux voyages, vers qui sait, les ailleurs
fantastiques aperçus dans ses rêves les plus fous. Marcel ne doutait de rien, victime du vertige
de ses illusions, il allait poser ses roues et ses espoirs de gloire, là ou pour d’autres il n’y aurait
que du vide. Bien que d’aspect fragile (1,60m-55 kg) il possédait une aptitude à l’effort, peu
commune. Habité par une volonté de fer et d’un courage rare, ce panel de particularités lui
permettait de repousser les affres de la douleur physique dans l’effort, à des frontières
inimaginables. Ce formidable rouleur grimpeur, spécialiste du Tour de France, pouvait grâce à
sa giclette nerveuse et son punch assassin, battre n’importe qui dans une arrivée en bosse. Bien
qu’il fût un des meilleurs professionnels de son époque, le cyclisme ne l’avait pas enrichi. Après
le vélo il s’installera artisan menuisier ébéniste, spécialiste du beau meuble, son métier en fera
un homme aisé. A la tête d’un grand atelier magasin exposition, Marcel ne se déplacera plus
qu’en Porsche avec ses éternels béret et foulard rouges. Durant sa carrière il a porté les
couleurs du S. A. Mauléon, il avait débuté en 1953 et avait raccroché en 1963, passé
professionnel en juin 1957 jusqu’en 1963 inclus. Il avait honoré les couleurs de Peugeot 1953 à
1956, puis Mercier de 1957 à 1960, Kas 1961, Helyett St. Raphael en 1962, Pinturas Ega
(Espagne) en 1963. Ses principaux succès sont: Cazes Mondenard (3e L. Bobet), ronde des
Champions à Tarbes (2e A.Dolhats) la 3e étape du circuit des marchés de la volaille à Valence
d’Agen, le classement du meilleur grimpeur de la route de France en 1956, Felletin, Grand
Bourg, le circuit de la vallée de la Soule en 1957, le Beissereix à la Souterraine en1958, 1e de la
9e étape Bordeaux-Bayonne du Tour de France, de la 3e étape (Avignon-Gap) du Dauphiné, La
Trinité à Guéret (2e A. Dolhats) en 1959, la 4e étape du circuit des marchés d’Aquitaine, la St.
Jean à La Couronne en 1962.Il disputa 4 Tours de France: 30e en 1957, 26e en 1959, 50e en
1960 (1e au col du Tourmalet), 21e en 1961(élu super combatif), 3 Vuelta 26e en 1961, éliminé
à la 2e étape en 1962, abandon (9e étape) en 1963. Il sera aussi 2e de la route de France 1956,
2e à Castillon La Bataille (3e F. Coppi) 1959, 2e du Midi-Libre 1960. Marcel n’avait jamais arrosé
sa carrière, avec les larmes du regret, il a toujours bien vécu toutes les saisons de sa vie. Le
temps a fait son œuvre, il a teinté les victoires de la veille, d’un papier jauni de l’histoire. Marcel
avait su domestiquer la vie, elle vient de le quitter, c’est le propre de chacun sur cette terre, ça
se termine toujours mal.
Anecdotes : Marcel est sélectionné pour le départ du Tour d’Espagne 1962 dans la grosse
équipe Helyett St. Raphael avec les Anquetil, Altig, Elliot, Graczyk, Stablinski, Geldermans etc.
Dès la 2e étape (Barcelone-Tortona 200 km) 30 km après le départ, il se trouve victime d’un bris
de vélo suite à une chute, Géminiani le dépanne en lui donnant un vélo trop grand pour lui, le
laissant seul sur la route, car devant, se développe l’échappée avec tous les cadors, ce qui
mettra en place le général final, il arrivera à Tortona hors délais et sera éliminé. A la fin de
saison, il ne sera pas conservé dans l’effectif, il trouvera refuge dans une toute petite équipe
Espagnole Peinturas Ega où il disputera la Vuelta, mais sans moral il abandonnera à la 9e
étape, sa carrière se terminant pratiquement là.
En août 2003, en plein après-midi du mois d’août, l’année de la grande canicule, je me trouve de
passage à Mauléon. Je pense aussitôt, je vais faire un coucou à l’ami Marcel à Sauguis, je
trouve porte close, je pousse donc au village suivant où il a son magasin expo. Je tombe sur un
monsieur à qui je demande si Marcel était là, il regarde sa montre et me dit «Marcel ça fait 2
heures qu’il est parti monter Marie Blanque, en principe il part pour 3 heures tous les 2 jours ».
Ce jour-là je n’ai pu voir l’ami Marcel, et ce jour-là à 16 heures le baromètre flirtait avec les 40
degrés, ça c’était du pur Marcel.
Gérard Descoubès

1 Commentaire

    Jean-Pierre Patanchon19 juillet 2021

    C’est vrai Gérard un Grand MONSIEUR Marcel , bel homage qui retrace bien ce qu’était Marcel , tellement heureux de l’avoir connu RIP Marcel

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