Félix ADRIANO est mort
Félix ADRIANO est mort Ce nom aujourd’hui, ne dira peut-être pas grand-chose à la plupart des passionnés de cyclisme, pourtant entre 1935 et 1953 il fut un de nos plus grands coureurs régionaux (pro de 1944 à 1951). Arrivé en France avec ses parents, venus travailler la terre dans le Lot et Garonne en 1953, […]
Félix ADRIANO est mort
Ce nom aujourd’hui, ne dira peut-être pas grand-chose à la plupart des passionnés de cyclisme, pourtant entre 1935 et 1953 il fut un de nos plus grands coureurs régionaux (pro de 1944 à 1951). Arrivé en France avec ses parents, venus travailler la terre dans le Lot et Garonne en 1953, il ne pouvait pas, sur cette terre imprégnée de culture cycliste, ne pas être coureur cycliste. Bien rond et tonique sur sa machine (1,66m-70 kg), il fallait éviter dans les arrivées venir frotter de trop près ce redoutable sprinter, car cela se réglait aux poings dès la ligne franchie. Ce sang bouillant né le 6 mars 1920 dans le Piémont Italien, fut un coureur de belle classe. Engagé pour courir le Tour d’Espagne 1947, dans une équipe d’Italiens de France il va y remporter les 9e ,11e ,12e et 20e étapes, se classant encore une fois 2e et 3e, et sera déclassé de la 1e place dans deux autres, au bénéfice de….l’enfant du pays Delio Rodriguez. Après avoir terminé 8e de cette Vuelta et 4e meilleur grimpeur, il ne renouvellera plus une telle expérience. Mis à part un Tour de Hollande l’année suivante, où engagé dans les mêmes conditions, il quitta la course dès le premier jour. Suite à un pont tournant fermé tout près de l’arrivée, alors qu’il se trouvait échappé en compagnie de quatre autres coureurs, avec plusieurs minutes d’avance, il accepta très mal de perdre une victoire internationale, acquise à ses yeux. Toujours en 1947 qui reste sa meilleure saison chez les pros, il sortit vainqueur d’un époustouflant mano à mano dans le circuit Boussaquin, face à un autre caractériel de grande classe Raphael Geminiani à qui il passa deux longueurs à l’arrivée.
Son après cyclisme
Fin 1953 il raccrochait son vélo, pour dès février 1954 s’envoler vers le Canada. Les débuts s’avérèrent difficiles, il commença par se faire spolier de toutes ses économies suite, à un sombre achat de bois. La nostalgie de la France, va alors le tarauder au plus profond de son être. Un lutteur comme Félix ne pouvait s’avouer vaincu, il repartait de zéro comme plongeur dans un grand établissement Québécois. Une fois mangé sa vache enragée, il ouvrira un restaurant Français, servant jusqu’à deux cents repas par jour. Après l’avoir tenu 28 ans il le vendit et prit une licence de taxi de nuit.
Le petit père Félix qui conduisait toujours sa voiture était devenu faible sur ses jambes, suite à une chute dans son jardin qui lui occasionna un important traumatisme crânien, il décédait quelques heures plus tard, le 28 mars dernier au Québec. Il venait de fêter ses 94 ans. Il était le cousin germain des frères Jo et Jacques Bianco, deux autres très grands coureurs Lot et Garonnais.
Durant sa longue carrière il a porté les couleurs des clubs suivants : S.U. Agenais (1935à 1937), V.C. Libos (1938 à 1939), S.O. Toulouse (1942 à 1944), V.C. Saladien-Toulouse (1945 à 1946), G. Moissacais (1947), G. Agenais (1948 à 1953).
En plus de ses victoires citées dans le texte il s’est imposé dans les Grands Prix : Delpy à Agen et Belves en 1938, Agen, Fumel, Nérac en 1941, Pamiers 1942, Montauban, Toulouse, Gaillac, Moissac, Montréal-du-Gers et la 2e étape des cols Pyrénéens en 1946, Aix en Provence en 1947, La Ronde de Guyenne et Gascogne en 1948, l’Eclair à Pau, Gabarret, Egletons, Trizac, 3e de Bordeaux-Saintes en 1949, le Velstar à Toulouse, le Velga à Agen en 1951, Pergain-Taillac en 1952.
Pour vous situer le personnage, je ne peux m’empêcher de-vous conter cette anecdote. En 1977 alors âgé de 77 ans (il prit sa retraite à 80 ans) il faisait la une du «journal de Montréal », lui qualifiait cela comme son dernier exploit. Hélé par 3 hommes face au métro du Mont Royal à Montréal, il les prend en charge pour une course. Ces 3 clients ne sont que des voyous, il va s’en rendre compte chemin faisant. Arrivés à destination un des individus place un couteau sur sa gorge, et lui demande sa recette. Ce que les mauvais garçons ignorent, c’est qu’un Félix Adriano n’a jamais réfléchit comme le commun des mortels. Malgré ses 77 printemps, il a toujours son côté bombe atomique, entretenu par des montées d’atome brulant incontrôlable, avec risque d’explosion à tous les étages. Dans la mouvance du geste, faite en se retournant pour tendre les 117 dollars de sa caisse, son coude droit et son poing gauche sont arrivés avec une grande violence en même temps que les dollars!!.. Il eut quand même beaucoup de chance, car le truand essaya de lui trancher la gorge. Heureusement dans la violence de l’échange, la lame remonta sur la joue et l’entailla sur plusieurs centimètres .Non content d’avoir sauvé sa recette et fait fuir ses agresseurs, il va les poursuivre en taxi et les faire arrêter un peu plus loin, par deux auto-patrouilles de la police arrivées sur les entrefaites. Le petit père Félix avait gardé toute sa vie, la terrible «Grinta» qui l’habitait sur le vélo.
Gérard DESCOUBES
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