Il y a 60 ans André Darrigade devenait champion du monde sur route.

Il y a 60 ans André Darrigade devenait champion du monde sur route…..

Souvenir, souvenir,

                   Il y a 60 ans André Darrigade devenait champion du monde sur route.

  En 2009, pour célébrer les 50 ans du titre mondial d’André, J. M. Leblanc l’ex-patron du Tour de France, m’avait demandé de visiter André pour qu’il me raconte les incroyables péripéties qu’il avait dû vaincre pour s’imposer, ce que je fis avec grand plaisir. Ce papier sera lu par J. P. Olivier, dans les salons de l’hôtel Vaugirard à Paris en octobre 2009, devant l’intéressé et un joli par terre d’anciennes gloires et journalistes. Pour ce nouvel anniversaire, je vous livre l’intégralité du reportage paru dans vélo star d’octobre 2009.

André Darrigade était un chasseur de maillots irisés. Il fut retenu onze fois pour représenter la France lors des joutes mondiales.

Sa première participation en 1953 à Lugano qui voyait le sacre du grand Fausto Coppi, il se classait 17e. En 1954 il n’était pas sélectionné. Par la suite, il sera présent sans discontinuer de 1955 à 1964 inclus. A Frascati en 1955, après avoir animé une longue échappée jusqu’à la mi-course, il se retirait vaincu par la chaleur torride qui régnait sur l’Italie ce jour-là. En 1956 à Copenhague il se classera 13eme ; en 1957 à Waregem 3eme ; 1958 à Reims 3eme ; 1959 Zandvoort 1er ; 1960 à Sachsenring 2eme ; 1961 à Berne abandon ; 1962 à Salo 16eme ; 1963 à Renaix 4eme ; pour son dernier mondial à Sallanches en 1964 abandon. André a réalisé quatre podiums consécutifs de 1958 à 1961.

                                                             « Dédé » nous raconte Zandvoort

    « Huit jours avant la course au titre, je remporte le très difficile criterium de Vayrac, dans le Lot ; je suis rassuré sur mon état de forme du moment, je marche.

 Le lendemain patatras je chute à Felletin, me blessant sérieusement au genou droit. La F.F.C. avertie de mon accident, envisage aussitôt mon forfait et convoque J. Stablinski, le premier remplaçant. Pour ma part je promets à la « Fédé » de leur apporter une réponse définitive pour le jeudi. En rentrant de Felletin, je décidai de passer la nuit à Guéret. A peine descendu de voiture, qui je vois sortir de l’hôtel, Louison Bobet qui, lui, regagnait son domicile parisien. Il me propose de l’accompagner dans la capitale, pour me tester derrière derny avec son entraineur. Dès le lendemain j’effectuai une sortie derrière l’engin. Les vingt premiers kilomètres furent abominables, je souffrais le martyre et pleurais de douleur en appuyant sur les pédales. A force de me faire mal et parce que je voulais savoir jusqu’où je pouvais résister à la souffrance, la douleur s’est lentement estompée. Passé les 150 kilomètres, je ne sentais plus les pédales, je voltigeais ! A ce moment-là, j’ai pensé : le père « Stab » (Stablinski) restera à la maison.

Arrivé en Hollande le jeudi, une subite rage de dents me fait passer une nuit blanche. Le vendredi en rentrant à l’hôtel après une reconnaissance du circuit, je croise Antonin Magne (directeur sportif de Mercier) qui me regarde comme une bête curieuse, il me trouve amaigri, blême et fatigué. « Tonin le sage » s’écrie alors : « de deux choses l’une ou Darrigade est malade, ou bien il se trouve au sommet de sa forme ! ». Le samedi matin, mon feuilleton « arc en ciel » se poursuit, en découvrant qu’un ténia a élu domicile dans mon intestin. Mon moral retombe à zéro. Le docteur de l’équipe de France me réconforte en me faisant comprendre, que ce ver solitaire est forcément mon compagnon depuis quelque temps déjà. Ce qui ne m’a pas empêché de réaliser un bon Tour de France un mois avant : mon organisme s’est donc habitué à vivre avec l’intrus.

La course :

Remonté, je prends le départ avec un gros moral, dans le 7e tour, quand l’Italien Michèle Gismondi a démarré, j’ai sauté dans la roue. Simpson et le Danois Jonsson sont revenus. J’ai alors crevé, enfourché un vélo trop grand pour moi, ce qui m’a obligé d’en changer à nouveau au passage suivant. Dans la 17e boucle les Hollandais Geldermans et Niesten, le Belge Foré, l’Italien Ronchini, l’Allemand Fischerkeller, mon coéquipier Anglade et le Canadien Murphy nous ont rejoints. Il restait onze tours à couvrir et nous possédions 1’30’’ d’avance, c’était peu. A cinq tours de l’arrivée Gérard Saint, un coéquipier, est sorti du peloton et revenait sur nous comme un avion. J’ai de suite pensé : si celui-là rentre, l’échappée sera terminée, car le connaissant il allait, une fois rentré, désunir l’entente du groupe. En plus j’étais perclus de crampes. Pour couronner le tout, Anglade le seul coéquipier que j’avais avec moi est venu me dire qu’il était cuit. Je lui ai demandé qu’avant de se relever il se vide les tripes. Henry s’est mis en tête et a roulé à « bloc » sur pratiquement un tour, ce qui a fait avorter le retour de Gérard Saint. Pour l’arrivée, je ne craignais que Noel Foré, coureur assez rapide au sprint, qui avait remporté Paris-Roubaix en avril et qui de surcroit ne nous avait pas passé le moindre relais, pendant toute notre échappée commune, dans la perspective d’un retour de Van Looy, son leader. Au dernier kilomètre, j’ai pris la roue de Geldermans, une fraction de seconde, je me suis retourné pour voir où se tenait Simpson que je pistais d’un œil, cela a suffit pour que j’accroche ma roue avant au dérailleur du Hollandais. Aujourd’hui encore, je me demande comment j’ai réussi à éviter la chute et retrouver mon équilibre. Pour finir dans le dernier virage avant la ligne, le solide Ronchini a fait une puissante poussette sur son équipier Italien Gismondi, le propulsant vingt mètres devant nous. Au prix d’un gros effort, j’ai réussi à boucher le trou, et suis resté dans sa roue car le vent soufflait de face. A cent mètres de la ligne, j’ai déboité du sillage de l’Italien, pour franchir la ligne en vainqueur.

  Après avoir frisé la catastrophe toute la semaine, et jusqu’à l’ultime hectomètre, la chance me souriait enfin. Je réalisais mon rêve, j’étais champion du monde ».

  Cette course au titre comportait : 3 tours de 4 kms et 28 tours de 10 kms pour un total de 292. Avec ses compagnons de fugue, Dédé de Narosse avait mené à bien une échappée de 235 kms.

Gérard Descoubes

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