CYCLISME : LE DÉPART FRACASSANT DE MICHEL BAUCHAUD

Hélas, un arrêt de plus…

231205-10-371 – Michel Bauchaud, cyclisme, le president du comite departemental de cyclisme va passer la main, sports, cyclisme, michel bauchaud, charente – photo : Julie Desbois

« Je suis rentré par la petite porte et les clubs me diront par laquelle je sors », lâche Michel Bauchaud.

Photo Julie Desbois

Par Vincent NAËL – v.nael@charentelibre.fr, publié le 5 décembre 2023 à 19h48, modifié à22h43.

Article : La Charente Libre

Après « 18 ans de présidence, 7 en tant que trésorier et 8 au sein de la commission technique » du comité départemental de cyclisme, Michel Bauchaud, 75 printemps, va passer la main à la tête de l’instance, samedi, lors d’une assemblée générale à Mansle.

Le cœur lourd, puisqu’il pensait pouvoir aller au bout de son mandat, à l’été 2024. « J’ai eu des problèmes de santé cette année, entre l’opération d’un œil et des examens cardiologiques à passer, donc j’ai fini par donner ma démission, explique le Douzatois. Sauf que lundi, mon docteur m’a donné une bonne nouvelle… Si ça avait été à refaire, j’aurais tenu mon rôle jusqu’au bout. »

On a mis 9.600 euros de notre poche parce qu’on avait budgétisé des recettes qui ne sont pas rentrées à cause du covid.
Est-ce vraiment la fin de l’ère Bauchaud au comité départemental ?

Michel Bauchaud. Je n’ai plus envie de me battre à cause de deux clubs qui ne le méritent pas (il n’a pas voulu les citer). Je ressens une certaine lassitude. J’ai commis l’erreur de tomber amoureux des clubs charentais et du comité. Je me suis autant investi dans ces fonctions qu’au sein de ma vie professionnelle, soit 28 ans à mon compte comme garagiste à Gond-Pontouvre. Deux présidents l’ont bien remarqué et m’ont appelé pour me faire part de leurs interrogations quant à ma succession. Ils m’ont même dit : « Tu ne serais pas le premier président démissionnaire à être réélu. »

Allez-vous finalement vous présenter contre le secrétaire du comité et président de l’AL Gond-Pontouvre cyclisme, Christian Gauthier ?

Je ne peux pas être contre celui qui a travaillé à mes côtés pendant deux mandatures. Puis il faut du sang neuf à la présidence. Tout dépendra de l’assemblée générale, qui est souveraine. Je compte passer le pouvoir normalement. Je veux tourner la page et enfin consacrer un peu de temps à ma femme, Michèle. (rires) Je l’ai délaissée alors qu’elle s’est occupée de l’hébergement des coureurs, a été notre restauratrice…

Votre fils Stéphane, manager du Top 16 (Division nationale 2), aurait décidé de ne plus candidater. Est-ce un regret de ne pas le voir vous succéder ?

Il a toutes les compétences pour tenir ce rôle. Sans lui, comme les autres élus, je n’aurais jamais pu bâtir tout ça. C’est un ancien coureur de haut niveau, un ex-entraîneur de l’équipe de France handisport… Sur la partie gestion, il suit les subventions. C’est dommage qu’il ne reprenne pas le flambeau.

Quel bilan faites-vous de vos 33 années au service du cyclisme charentais ?

Les clubs ont pu compter sur quelqu’un qui ne s’est pas laissé faire. Sans oublier les deux bénévoles présents à mes côtés depuis le début, Bernard Périllaud, président de l’UA La Rochefoucauld, et Sébastien Martin, licencié à La Couronne. Quand on a pris le comité, il n’y avait même pas de paillasson. Aujourd’hui, on ne perd plus de licenciés, avec un total de 657 contre un peu plus de 700 avant le covid, on a un siège social à Gond-Pontouvre, que je loue au prix sous-évalué de 250 euros par mois à l’instance, sept véhicules, six vélos de piste, sept de contre-la-montre, 12 bicyclettes électriques… Sans oublier le service course monté à Douzat par Stéphane, dont il est propriétaire, et le Top 16, né quand j’étais trésorier. C’est notre plus belle réussite. Je dis « notre » parce qu’on l’a fait en groupe. En 1998, il n’y avait plus qu’un seul coureur charentais en première catégorie, Stéphane. Les clubs du département se faisaient piquer tous leurs jeunes par Poitiers, Marmande, Bressuire… parce qu’on n’avait pas d’équipe de haut niveau ici. Maintenant, le Top 16, qui a formé 12 coureurs pros, fait rêver les jeunes Charentais.

Sur les courses jeunes de cyclisme sur route, il y a tout de même de moins en moins d’engagés dans le département.

À cause des accidents, beaucoup de parents ont peur d’envoyer leurs enfants sur la route. C’était moins dangereux à l’époque : quand Stéphane était minimes, je pouvais le laisser rouler tout seul. Faire du vélo sur route coûte aussi de plus en plus cher. Pour pas mal de familles, c’est compliqué de mettre 5.000 euros dans une machine. Les clubs charentais qui refusent de monter une école de vélo sont également responsables de la situation. En termes de nombre de licenciés, ils régressent quasiment tous ! Ils n’en ont même pratiquement plus. Et ça fait 18 ans que je leur dis de monter une école… Mais certains préfèrent piquer les coureurs des clubs formateurs plutôt que d’en former eux-mêmes.

Comment se porte le comité sur le plan financier ?

On manque de moyens. Cette année, avec ma femme, on a mis 9.600 euros de notre poche parce qu’on avait budgétisé des recettes qui ne sont pas rentrées à cause du covid. On a voulu assumer. Stéphane s’est aussi mis en congé sans solde pour nous faire économiser 6.300 euros. Certains clubs devraient méditer (il fait référence à ceux qui refuseraient de payer les cotisations). On l’a fait pour garder nos deux salariés, mon petit-fils Arthur Bauchaud, directeur sportif du Top 16 mais aussi éducateur diplômé d’État, et l’animatrice du pôle découverte Marjorie Contault, à laquelle va succéder un autre diplômé d’État (le Manslois Thomas Philippon).

Quelles sont les conséquences de la descente du Top 16 en DN2 ?

Si on remonte directement en DN1 (l’élite du cyclisme amateur), l’impact financier sera moindre. Sinon, ce sera compliqué de garder nos deux salariés. Mais j’ai confiance en l’avenir du CD16. Pour celui du cyclisme sur route amateur, je suis inquiet parce que la Fédération fait tout pour le professionnaliser. Son président, Michel Caillot, veut mettre en place « un niveau homogène » en DN1 mais sans homogénéité financière, c’est impossible. Les budgets des plus grosses équipes sont estimés à 800.000 euros, voire plus, contre 400.000, voire moins, pour les plus petites !

Quid des autres disciplines ?

On essaye de se tourner davantage vers le VTT. Chez les jeunes, on a de plus en plus de licenciés car c’est moins cher et moins dangereux que sur route. On aimerait aussi développer le BMX, mais la seule piste est à Cognac. Une seconde devait être construite à La Couronne mais les élus municipaux n’ont finalement pas donné suite (un bike park a été inauguré en juillet). Le cyclo-cross, lui, se stabilise. Enfin, pour la piste, le vélodrome des Alliers est en ruines. C’est même devenu une zone de non-droit, avec des déchets partout. La ville d’Angoulême, à qui il appartient, le laisse totalement à l’abandon. Le Département était prêt à faire quelque chose, mais comme Patrick Bourgoin (adjoint aux sports à la municipalité angoumoisine) n’en a que pour l’ACFC… C’est une honte, encore plus quand on se souvient que sur ce vélodrome, on a entraîné les Charentais Yoann Paillot et Nicolas Labussière, devenus respectivement champion d’Europe Espoir du contre-la-montre sur route et champion de France Master de la course aux points sur piste. C’est un outil de travail indispensable.

Sur ce projet, vous n’aviez pas été soutenu par l’ensemble des clubs.

Des clubs voient d’abord leur intérêt personnel avant celui du cyclisme charentais. J’ai pris des décisions défavorables à certains mais ça a toujours été pour le département. Je me suis toujours mis dans la balance, parfois en y allant franco, mais bon, je n’ai jamais cherché à faire l’unanimité ! (sourire) Aujourd’hui, toujours dans l’intérêt général, je regrette que des clubs s’entraînent de la même façon qu’il y a 20 ans. Quand on a proposé à leurs salariés de passer des diplômes pour progresser, ils ont toujours refusé. Maintenant, on voit le résultat… On a un éducateur comme Arthur, qui enseigne quand même au Creps (Centre de ressources d’expertise et de performance sportive), mais certains bénévoles se croient meilleurs… C’est dommage de rendre impossible cette complicité entre tous les éducateurs charentais.

Article : La Charente Libre

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