Pierre Grimard l’aventurier d’une vie, n’est plus

Publié le 23 février 2025 dans Divers

Bel article de Gérard Descoubès.

Il n’eut pas à attendre longtemps pour flirter avec la gloire, qualifié pour disputer le championnat de France cadet sur route 1961, sur le très difficile circuit de  »La Bresse » dans les Vosges, il va s’y imposer en surclassement. Notre jeune et courageux Lot et Garonnais attendit le pied du col de la Croix de Morat (9 km), pour déboucher et réaliser un cavalier seul sur pratiquement toute la montée.Néanmoins, tout près du sommet il fut rejoint par quatre coureurs : deux inconnus, Viard et Chapel accompagnés des deux futurs pros, Daniel Ducreux et Pierre Gauthier.

Au sprint Pierre Grimard ne laissa aucune chance à ses adversaires du jour, démontrant qu’il était vraiment le plus fort. L’on pensait alors qu’une belle carrière s’ouvrait à lui, surtout qu’il allait très vite se mesurer avec bonheur, à ses aînés les T. Sabbadini, J.Ricou et J.C. Daunat les cracks de la région. Hélas ses activités militaires allaient très rapidement abréger sa carrière cycliste, ne pouvant pratiquement pas courir il s’éloigna des compétitions cyclistes. Démobilisé, il choisit l’aventure, direction le Canada trois ans comme cuisinier, il tente alors un dernier retour dans le monde du cyclisme, le temps de remporter une étape du Tour du Québec (1967). Puis il part s’installer aux États Unis huit années, où il deviendra  »Chef de Rang » dans l’un des plus grands restaurants New Yorkais où il servira à table la famille Rockefeller, l’acteur de cinéma Paul Newman entre autres, Pour boucler son périple d’aventures il terminera par une année aux Bahamas. Rentré en France, son âme de paysan va le rattraper, redevenu plus terre à terre, il se rendit acquéreur de plusieurs hectares de cultures maraîchères, producteur récoltant, admirablement secondé par son épouse, ils faisaient l’attraction des plus grands marchés girondins, Cestas, Gradignan, Langon, Léognan, Talence etc. Pierre a évolué toute sa vie avec un caractère et un mental qui côtoyaient les rivages où à tout instant un tsunami pouvait s’échouer. Il était aussi un homme qui s’était fabriqué tout seul, érudit de tout, capable de vous parler de n’importe quelle race ou ethnie la plus reculée au monde, mélomane averti, il n’a jamais hésité à traverser la planète pour assister à un concert de grande musique dont il était friand. Ce  »Mec » hors norme tout à son banc de légumes, lisait le  »Daily Télégraphe » ou le  »New York Times » les  »Bobos  » girondins de tous poils, regardaient alors le paysan d’un autre œil. Il n’a jamais oublié de dire ce qu’il avait à dire à quiconque, il savait aussi réunir les gens, il aimait le monde, maniant un humour décapant il restait malgré tout un bel humaniste. Maintenant que tu es parti vers d’autres rivages, les souvenirs que tu nous laisses, marqueront de leurs empreintes  notre mémoire sous forme de flashs pour l’éternité.

Pierre était né le 5 septembre 1945 à Tonneins, il est décédé d’un infarctus le 16 février 2025 à Tourtrès (47).

Il avait débuté en 1960 et raccroché en 1967. ses clubs furent: A. S. Miramontaise 1960 à 1966, V. C. de Montréal 1967. En plus de son titre de champion de France cadet de 1960 il s’imposa 10 autres fois, 3e catégorie le 30 mai 1962 après ses victoires à Lalinde, Verteillac, Lussac de Libourne (2e J.C. Daunat), Pluymican, Ste. Bazeilles, 2e catégorie le 5 septembre 1963: 1e à Issigeac, St. Laurent des Hommes, Miramont de Guyenne etc, 1e caté en 1964: 1e à Lalinde, 1965 1e à Calès, 1966 1e à Agen, 1966 1e d’une étape du Tour du Québec. Pierre, tu étais vrai  »Mec » de combats mais si attachant, adieu mon ami, c’est toi qui m’a vacciné pour la compréhension de la vie, merci.

  Gérard Descoubès